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Digital Marketing
Panique chez les webmasters ! Vous le lisez sûrement partout, le 10 février 2022, la CNIL aurait déclaré l’utilisation de Google Analytics illégale. Alors, soyons précis : suite à une plainte de l’association NYOB, la CNIL en coopération avec ses homologues européens chargés de faire respecter le RGPD a analysé les conditions dans lesquelles les données collectées grâce à Google Analytics sont transférées vers les États-Unis.
Verdict : la CNIL estime que ces transferts de données sont illégaux et impose aux gestionnaires de sites français de ne plus utiliser l’outil dans les conditions actuelles.
Attention, là on rentre dans la partie film d’espionnage de l’article. En fait la CNIL (et ses homologues européens) vise la politique du renseignement américain qui se donne la possibilité d’accéder aux données du service sur demande à tout moment. D’où une violation potentielle du Règlement européen de la gestion des données. En gros, les instances européennes demandent un cadre plus précis de la protection des données aux États-Unis.
Le souci est que ce type de décision pourrait toucher d’autres GAFAM dont beaucoup d’entreprises dépendent… Difficile d’anticiper les prochaines décisions, mais cela plaiderait pour la montée en puissance d’acteurs purement européens comme Qwant par exemple.
Quoiqu’il en soit, Google n’a pas tardé à réagir en annonçant que l’Union européenne et les États-Unis étaient sur le point de conclure un nouvel accord sur l’exploitation des données. Wait and see…
En parallèle, la firme de Mountain View annonce que l’ancienne version d’Analytics, Universal Analytics, va cesser de traiter les données entrantes dès le 1er juillet 2023 au profit de la nouvelle version Google Analytics 4, basée principalement sur l’intelligence artificielle et les événements. Cette nouvelle version permettra également d’anonymiser les adresses IP. A voir si cela sera suffisant pour calmer la CNIL.
Qu’est-ce que je risque concrètement à continuer d’utiliser Google Analytics ? Pas d’amende en vue pour le moment. Ouf, c’est déjà ça. Par contre, vous risquez une mise en demeure de la CNIL qui vous imposerait de retirer l’outil de votre site web sous un délai d’un mois.
Pas forcément, puisque plusieurs pistes de procrastination existent. Et comme je sais qu’on aime tous la procrastination, je vous les donne volontiers :
Mais évidemment les actions et décisions de Google prendront du temps et d’ici là vous restez bien évidemment sous la menace de la CNIL… D’où l’intérêt de prendre quelques mesures pour vous mettre à l’abri.
Il n’y a pas que Google Analytics dans la vie (moi-même, c’était mon seul horizon avant la décision de la CNIL😅). La CNIL recommande de nombreuses solutions et je vais vous en détailler certaines.
Matomo, anciennement Piwik jusqu’au début de 2018, est un logiciel open source de mesure de statistiques web, successeur de PhpMyVisites et conçu pour être une alternative libre à Google Analytics.
Son point différenciant : l’utilisateur reste le seul maître de ses données, ce qui assure un respect à 100 % des règles de la CNIL. En revanche, cela nécessite d’héberger et de configurer l’outil sur un serveur. Les données prendront donc de l’espace de stockage et il faudra en assurer la sécurité, ce qui n’est pas neutre du point de vue du coût. La version cloud peut être intéressante mais toutes les options deviennent payantes.
Il s’agit de l’alternative made in France 🇫🇷 à Google Analytics. Vive la Start-up Nation ! Même si AT Internet a déjà plus de 20 ans d’existence et a été adoptée par de gros acteurs comme Le Bon Coin, OVH, FDJ ou Boulanger.
La bonne nouvelle est que les serveurs d’AT Internet sont situés en Europe. Pas besoin de prévoir un hébergement spécifique comme pour Matomo. En revanche, la solution est payante. Le prix dépendra entre autres de la taille de votre structure, de vos besoins mais également du niveau de support que vous souhaitez.
Il s’agit là d’un acteur légèrement différent des deux précédents puisque Smartprofile est à la base une solution de marketing automation. Son ambition est de mieux connaître et comprendre vos clients pour leur envoyer le bon message sur le bon support au bon moment.
La solution intègre une fonctionnalité de mesure d’audience exemptée. L’idée : recueillir des statistiques en les dissociant de l’adresse IP de l’utilisateur qui reste totalement anonyme. Évidemment, la solution utilisée notamment par Manpower, Ada, Air Corsica ou CB News est payante.
Vous l’avez compris, il n’y a pas forcément d’urgence à abandonner Google Analytics mais il est nécessaire de se préparer à utiliser des alternatives à cet outil. Et cela peut s’avérer vertueux. On s’est habitués pendant des années à dépendre d’une poignée d’outils (souvent américains) auxquels on confie sans scrupule toutes les clés de notre business.
Il est évident qu’une telle confiance aveugle comporte de gros risques. Je pense que cette mise en garde de la CNIL doit agir pour nous comme un véritable avertissement à engager une réflexion profonde sur le choix des outils qu’on utilise pour gérer notre marketing digital. A un autre niveau, gageons que ce contexte soit propice à une prise de conscience et à l’émergence de GAFAM européens.
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