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Digital Marketing
La dernière fois que j’ai entendu parler de NFT, c’était en juin dernier lors du lancement par Picard Surgelés de ses propres jetons non fongibles dont la vocation était, je cite : “des représentations digitales de produits phares de la marque”. Sur un marché déjà en baisse, si la démarche était courageuse, leur acquisition l’était plus encore. C’est à ce moment-là que l’on aurait pu se dire, bon, la hype est passée. Eh bien non ! Chez Indexel, on ne jette pas bébé avec l’eau du bain.
Pourquoi ? Parce que le Web3 n’est pas forcément celui que l’on croit. Effectivement, les mondes parallèles ou virtuels n’ont pas toujours trouvé leur public et le méga fail de Meta sur le sujet en témoigne. Côté NFT, nombre de projets dropés à la (block)chaîne se sont avérés être des scams… ou tout du moins de très mauvais investissements. Et ces quelques désillusions n’ont pas résisté au tsunami de l’IA, qui semble avoir remisé le Web3 aux oubliettes.
Pourtant, la blockchain comme le métavers trouveront (ou ont déjà trouvé) des usages beaucoup plus concrets qui vont nous accompagner dans notre vie quotidienne. Authentification, traçabilité, gouvernance… Dans cet article, pas de nécrologie d’une techno à peine née et déjà enterrée, juste un regard nuancé sur qui n’a pas marché pour tenter de comprendre ce qui va mieux marcher. Les flops et les pas flops du Web3… 1, 2, 3, c’est parti !
Si les NFTs de Picard susmentionnés n’ont a priori pas trouvé preneur, celui du premier Tweet, si. Cette vente (évoquée par Walid dans son article) avait défrayé la chronique en 2021 avec un prix qui sentait bon la bulle spéculative : 2,9 millions de dollars. Dès l’année suivante, l’estimation était tombée à 6 800 dollars avant de s’écrouler début 2023 à 277 dollars. On plaint un peu l’acquéreur crypto-entrepreneur iranien Sina Estavi, mais c’est surtout pour les centaines de milliers de petits porteurs que l’on s’inquiète.
Selon le média Beincrypto, le volume des transactions NFT a chuté de plus de 90 % depuis janvier 2022, tandis que le prix moyen d’un token non fongible a également baissé d’environ 70 %. Pour de nombreux aficionados des débuts, la gueule de bois doit être sévère. La bulle NFT semble bel et bien crevée et les Bored Apes (ainsi que leurs acheteurs) font aujourd’hui la gueule.
Autre exemple édifiant : l’évolution de l’intérêt pour la recherche “NFT” sur Google Trends. Non, je ne vous ferai pas l’affront de vous la commenter.
Promesse de gains rapides, argent décentralisé, hype mondiale… Ça sent quoi ? Ça sent l’arnaque facile. Et de nombreux influenceurs peu scrupuleux ne s’y sont pas trompés. Un exemple parmi (beaucoup) d’autres : “NFT Animoon”, un projet promu par Marc Blata, célèbre influenceur qui n’en était pas à son premier coup d’essai en matière de fraude. Selon les promesses des promoteurs du projet, l’investissement devait rapporter des gains importants : de l’argent, des cadeaux, des voyages… Résultat des courses ? Des millions envolés et des influvoleurs traqués par la justice (toute cette histoire dans laquelle absolument rien ne va, est à lire ici).
Vous en voulez encore ? L’humoriste Kev Adams s’est également retrouvé dans un drôle de projet de film financé par des NFT. Mais 50 000 images d’ours en peluche vendues plus tard, plus de nouvelles ni de long métrage. Une histoire révélée par Médiapart et résumée par Le Monde ici. Je vous laisse la surprise de la fin de l’histoire pour le prix du jeton.
Côté crime, le Trésor américain a rapidement alerté contre l’utilisation des NFTs à des fins de blanchiment de capitaux. Dans un rapport datant de 2022, l’administration US met en garde contre la possibilité de pratiquer l’auto-blanchiment avec les NFTs : “les criminels peuvent acheter un NFT avec des fonds illicites et procéder à des transactions avec eux-mêmes. ”
Non, pas beaucoup. Comme nous informait Les Echos en 2022, la plateforme de réalité virtuelle Decentraland était valorisée 1,3 milliard de dollars avec à peine 38 utilisateurs actifs quotidiens. Son concurrent The Sandbox, tout aussi bankable, affichait poussivement 522 visiteurs. Moralité : un terrain virtuel dans un désert 3.0, cela ne vaut forcément pas grand chose.
Et un entretien d’embauche organisé par Carrefour dans Sandbox, ça vaut quoi ? À vous d’en juger.
En tout cas, moi ça ne me fait pas rêver. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas ! Et chez Indexel, cela nous fait beaucoup penser à l’éphémère déferlante des marques et des partis politiques qui s’étaient lancés sur Second Life il y a bientôt vingt ans. Une époque que je ne pourrais pas mieux vous conter que le vidéaste Sylvqin.
Moments difficiles pour Meta. Facebook rencontre effectivement depuis quelques années une baisse de ses revenus et de ses utilisateurs actifs quotidiens. Alors forcément, la dépense de dix milliards de dollars en investissement dans le métavers – et les quelques moqueries qui vont avec – passent plutôt mal. Le plan de licenciement massif, lui, est bien passé.
Mais mais mais… Meta n’oublie pas pour autant le métavers et entame même sa relance en France. Le géant américain (sous oublier de se tourner vers l’IA générative) lance une nouvelle campagne dans l’Hexagone pour vanter l’impact « réel » du métavers. Bonjour à la nouvelle réalité virtuelle (ou augmentée) qui va irriguer des domaines tels que la médecine, le sport, l’industrie, l’aviation, l’éducation et la recherche scientifique. Bienvenue dans le Web3 tangible et ancré dans la réalité.
Retour aux basiques du Web3, la blockchain. Pour rappel, grâce à elle, le NFT devient une plaque d’immatriculation en version numérique utilisée pour authentifier un objet. Si ce principe a plutôt fait l’objet d’activités spéculatives, il pourrait bien dans le futur s’appliquer à de nombreux documents officiels : diplômes, permis de conduire, cartes grises, passeports… En France, des commissaires-priseurs l’utilisent déjà pour certifier des objets d’art aux enchères (quand on vous dit que l’on revient au réel !).
Pour le cabinet PwC, ce marché du document sur blockchain pèsera d’ailleurs plus de 200 milliards de dollars dans le monde en 2030, et plus de huit milliards pour le seul territoire français. Selon Stéphanie Zolesio, PDG de Casino Immobilier&Fintech, interrogée par Capital, “Un NFT […] peut être une clé d’accès, virtuelle ou physique, à une salle de concert ou à un match de foot, ou encore à des récompenses, des réductions en magasin, par exemple. L’avantage d’un NFT, c’est que, à la différence d’un simple code, nous avons l’assurance de son authenticité.”
C’est une leçon à retenir : une entreprise utilisant cette technologie doit la rendre utile AVANT d’en faire un argument marketing. Le drop opportuniste pour gratter quelques retombées médiatiques, c’est fini.
Si dans le monde de la spéculation, le moral est en berne pour les NFTs, côté supply chain et sa croissance à deux chiffres, tout va très bien. Effectivement, la blockchain permet de sécuriser les transferts de produits et d’assurer une traçabilité infaillible. Aujourd’hui, le nombre de colis explose, les réseaux logistiques sont de plus en plus éclatés et les intervenants de plus en plus nombreux. C’est là qu’il devient intéressant de faire rimer blockchain avec supply chain : grâce aux NTF, à chaque étape de la chaîne logistique, la propriété du jeton non fongible est transférée de prestataire en prestataire, tout comme la responsabilité du produit qui lui est associé.
Ainsi, depuis 2021, la startup Ownest collabore avec Cdiscount pour tracer les colis de grande valeur. Ces types de NFTs intéressent naturellement le secteur du luxe : Loro Piana (marque phare de la série “Succession”), a prévu de certifier la traçabilité de bout-en-bout de sa matière première grâce à la blockchain. Tout vêtement de sa nouvelle collection s’accompagnera bientôt d’un certificat digital.
Une DAO (Decentralized Autonomous Organization), c’est quoi ? « C’est un peu l’équivalent de la loi association de 1901 pour le monde des cryptos, compare Arthur Blanchon, acteur du Web3. Quand une communauté liée aux cryptos se crée, elle adopte généralement un format DAO. » Ces communautés sont très variées : l’une a pour objectif de couvrir les frais de justice de Julian Assange, une autre vient en aide aux ukrainiens, d’autres encore se créent pour produire des films ou de la musique.
Ainsi, côté marques, grâce aux NFTs, les clients peuvent devenir acteurs et actionnaires d’une entreprise. C’est ce qu’on appelle la stakeholders economy qui permet à des startup de lever des fonds de façon beaucoup plus rapide que les processus habituels. Un bon exemple : CourtSideClub. L’idée ? Créer une plateforme qui transforme les fans de basket en general manager via un droit de vote au niveau exécutif dans le recrutement ou la stratégie… sous réserve d’être propriétaire de NFTs, bien sûr.
“Le métaverse est mort ! Organisons une veillée en ligne afin que nous, les 600 000 000 utilisateurs actifs mensuels de Fortnite, Minecraft, Roblox, PUBG Mobile, puissions pleurer ensemble son décès en temps réel 3D.” a proclamé ironiquement Tim Sweeney, fondateur d’Epic Games. Et il a bien raison. On tourne en dérision quelques fails, mais les chiffres le prouvent : le métavers existe et se joue bien des moqueries qui lui sont adressées !
Selon Adam Sussman, président d’Epic Games, « Fortnite is more than a game. ». Ce jeu à succès serait-il finalement le vrai metaverse tant attendu ? Fort d’une armée de plus de 400 millions d’utilisateurs, Fortnite a depuis longtemps dépassé le statut de simple jeu vidéo. Expériences immersives 3D, NFTs, larges communautés actives, univers persistants… Tout y est, non ?
Avoir son petit avis sur la place des marques sur Internet en 2000 ou bien sur Facebook en 2008… Beaucoup s’y sont essayés et au moins la moitié se sont plantés. Mais rien ne m’interdit d’essayer 🤠.
Déjà, il est important de rester nuancé et de ne fermer aucune porte. Sandbox est désertique certes, mais les serveurs de Fornite explosent… Les NFTs ayant des vocations artistiques (et spéculatives), ne sont pour le moment plus d’actualité, mais ils ont l’art d’être imbattables en authentification…
Que ressort-il également de mon inventaire ? C’est qu’après la hype des débuts, les marques ont tout intérêt à arrêter de surfer sur des buzzwords qui n’en sont plus vraiment, mais plutôt à chercher comment apporter une valeur bien réelle à leur clients. De nombreuses solutions ont déjà fait leurs preuves… et c’est sûr, ce n’est que le début !
J’en suis persuadé, le Web3, comme ses prédécesseurs va s’écrémer, s’équilibrer… et révolutionner nos vies comme celles des marques.
Et ChatGPT, il en pense quoi ? Le média BeInCrypto a interrogé l’IA et selon elle, le verdict est sans appel : le métavers a davantage d’avenir que les NFTs. Son potentiel principal ? Une adoption généralisée plus facile auprès du grand public. À celui-ci de lui donner raison (ou pas).
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12 Déc 2024
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