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Retour sur les faits : d’humeur taquine, le site américain The Verge publie un article au ton décalé, presque moqueur, entièrement généré par IA, et boum ! Il se retrouve en tête des résultats Google. Pourtant, la firme de Montain View avait bien mis en garde les éditeurs utilisant les IA génératives de type ChatGPT : leur référencement peut être pénalisé. Comment est-ce possible ? Voici un petit décryptage, qui nous en apprend un peu plus sur l’algorithme Google.
L’autorité de domaine, c’est un peu comme la réputation et la crédibilité en ligne de votre site. Plus elle est forte, plus Google vous fait confiance et plus, il favorise votre site dans les résultats de recherche. The Verge – avec des années de contenu de qualité, de backlinks solides et une audience massive – bénéficie d’une autorité de domaine énorme qui lui permet de se hisser en tête, même avec un contenu inhabituel.
Prenons des exemples français dans le B2B et l’IT, comme LeMagIT ou Silicon.fr. Ces sites, avec leur focus sur des contenus de niche dans l’IT, ont acquis une telle autorité que leurs articles sont souvent bien classés sur des sujets pointus, même lorsque la concurrence est féroce. Leur capacité à générer du contenu de qualité et à attirer des backlinks provenant de sources reconnues leur permet de maintenir leur position dominante dans la SERP.
Cela montre que, même dans des secteurs spécialisés, travailler sur son autorité de domaine est essentiel pour rester compétitif sur Google.
Et c’est là où ça devient intéressant : l’autorité de domaine agit presque comme un bouclier. Mais attention, ça ne signifie pas que les petites entreprises doivent abandonner la partie ! Avec une stratégie de contenu solide et des backlinks de qualité, même les sites avec une faible autorité peuvent grimper dans les résultats.
Malgré un texte entièrement généré par IA, l’article de The Verge a dominé les résultats de recherche. Et pour cela, plusieurs facteurs sont entrés en jeu :
L’algorithme de Google est conçu pour répondre à l’intention de recherche des utilisateurs. Même si l’article de The Verge adopte un ton moqueur, il contient des informations pertinentes sur les imprimantes 2024, ce qui correspond à ce que les utilisateurs cherchent. En d’autres termes, l’article peut sembler décalé, mais il répond bien à la question posée par les utilisateurs.
L’utilisation de l’IA pour générer du contenu pose encore des défis à Google. Bien que Google s’efforce de mieux détecter et classer les contenus générés par IA, l’algorithme n’est pas parfait. Dans ce cas, l’IA a probablement aidé à structurer l’article de manière à répondre efficacement aux critères de Google, comme l’insertion de mots-clés et la clarté du message.
C’est là que les choses deviennent intéressantes. Google est constamment en train d’améliorer son algorithme, mais des lacunes subsistent. Par exemple, l’algorithme peut parfois accorder plus d’importance à l’autorité de domaine qu’à la qualité perçue du contenu. Cela signifie que même un article qui pourrait sembler moins sérieux ou moins pertinent pour un lecteur humain peut se classer en haut simplement parce qu’il provient d’un site avec une forte autorité…
Pour comprendre pourquoi un article se classe bien, il faut jeter un œil aux nombreux critères que Google utilise pour évaluer les pages. Voici un aperçu de quelques-uns des plus importants :
Ces critères montrent la complexité de l’algorithme de Google et l’importance, pour réussir, d’adopter une approche holistique du SEO.
Même si l’article est atypique, de nombreux utilisateurs ont cliqué dessus, ont passé du temps à le lire, et ne sont pas immédiatement revenus à la page de résultats pour en choisir un autre (ce qu’on appelle le « pogosticking« ), Google interprète cela comme un signe que l’article répond bien à la requête.
Certes, le contenu n’est pas ce à quoi on s’attendait en termes de qualité traditionnelle, mais il coche suffisamment de cases pour être considéré comme pertinent et utile par Google.
On peut supposer que des internautes étaient étonnés de constater que The Verge avait la pôle-position et que cet étonnement les a d’autant fait cliquer et rester sur la page.
L’article de The Verge a réveillé pas mal de débats dans la communauté SEO, surtout autour de l’IA et du rôle de Google dans tout ça.
Par exemple, un utilisateur sur Twitter a mentionné : « Si un site comme The Verge peut se classer en premier avec un article sarcastique et généré par IA, où est passée la promesse de contenu ‘utile’ ? » Ce genre de commentaire reflète la frustration face à ce qui est perçu comme une faille dans l’algorithme de Google.
Cette réaction résume bien l’inquiétude grandissante sur la direction que prend Google en matière de classement des contenus, surtout avec l’IA en jeu.
Et ce n’est pas sans raison. Google a récemment introduit des technologies comme Google Gemini et Google SGE (désormais appelé AI Overview) qui montrent clairement où ils veulent aller : des résultats de recherche encore plus intelligents et personnalisés.
Gemini, cette nouvelle IA de Google, promet de comprendre le langage humain comme jamais, en générant des réponses plus pertinentes et précises. Quant à Google SGE, il pousse l’intégration de l’IA un cran plus loin en offrant des résultats de recherche combinés, tirés de multiples sources, pour fournir une réponse unique et plus complète.
Mais voilà le hic : ces innovations soulèvent de grosses questions. Est-ce que l’IA, avec des outils comme Gemini, ne va pas encore plus biaiser les résultats en faveur des gros sites, ceux qui ont déjà une autorité de domaine en béton ? Et qu’en est-il des petits sites ou des contenus de niche, qui risquent d’être noyés encore plus profondément dans les résultats ?
John Mueller, de chez Google, a essayé de rassurer en disant que « l’algorithme prend en compte une variété de signaux, et parfois des contenus inattendus peuvent bien se classer s’ils trouvent leur public ». Ok, mais ça ne calme pas tout le monde.
La réponse de Google, même si elle est diplomatique, met en lumière les défis auxquels ils sont confrontés. Concilier l’innovation technologique avec la qualité du contenu, et ce n’est pas simple.
L’épisode The Verge nous rappelle l’indispensable autorité de domaine, mais aussi la nécessité de suivre les principes de l’EEAT (Expérience, Expertise, Autorité, et Fiabilité) que Google met en avant. Voici les leçons essentielles à en tirer pour votre stratégie SEO.
Google a clairement indiqué que le contenu créé uniquement pour manipuler les classements, peu importe comment il est conçu, ne sera pas récompensé. Danny Sullivan de Google a réitéré : « Comme nous l’avons déjà dit à propos de l’IA, le contenu créé principalement pour le classement des moteurs de recherche, quelle que soit la manière dont il est conçu, est contraire à nos directives. Si le contenu est utile et créé d’abord pour les gens, ce n’est pas un problème. »
En pratique, cela signifie que pour être bien classé, votre contenu doit démontrer l’EEAT en prouvant qu’il est créé par des experts, qu’il est fiable, et qu’il apporte une réelle valeur ajoutée aux utilisateurs.
Les backlinks restent un pilier de l’autorité de domaine, mais leur impact est maximisé lorsque le site source est perçu comme ayant un haut niveau d’EEAT. Les backlinks provenant de sites qui démontrent une forte expertise et autorité sont plus susceptibles d’améliorer significativement votre classement. Il est donc essentiel de se concentrer non seulement sur la quantité, mais aussi sur la qualité et la diversité des liens entrants.
L’IA peut être un atout puissant pour générer du contenu, mais elle doit être utilisée avec discernement. Le contenu généré par IA doit toujours être aligné avec les principes de l’EEAT et rigoureusement édité pour garantir qu’il est pertinent, fiable, et qu’il réponde aux besoins des utilisateurs. Google surveille de près les tentatives de manipulation des classements avec du contenu automatisé de faible qualité, et une approche précipitée pourrait entraîner des sanctions .
On pourrait hâtivement penser que l’exemple de The Verge montre qu’il faut tout miser sur l’autorité, mais pas forcément ! Si vous n’avez pas de contenu de qualité, aucun site n’aura envie de faire un lien vers le vôtre. Parce qu’au final, sans contenu de qualité, vous n’aurez pas un score d’autorité suffisant aux yeux de Google. Alors, qu’est-ce que ces sites auraient à gagner en pointant vers votre site ? Pas bête la bête !
… The Verge a fait ce coup, car il peut se le permettre et cela reste dans sa ligne éditoriale (créer une actualité). De votre côté, misez sur les deux tableaux : l’autorité ET le bon contenu.Certes, ce fut un véritable électrochoc pour tous ceux qui font du SEO, mais cela nous rappelle que Google peut parfois nous surprendre en mettant en avant des contenus inattendus. Rien ne change au fond : l’algorithme évolue, et nous devons évoluer avec lui tout en consolidant le EEAT.
Je ne vais pas vous mentir, si vous ne ré-évaluez pas régulièrement votre stratégie SEO, vous risquez de vous faire distancer. Et ce n’est pas juste une question de respect des règles Google, c’est aussi de savoir quand et comment les contourner intelligemment.
PS : le bilan de notre article ? Un backlink de plus pour The Verge et son autorité de domaine. 🙃