La ressource pour aller plus loin
Expertise éditoriale
« Il est distrait au volant de son auto et laisse souvent ses flèches de direction levées, même après qu’il ait effectué son tournant » : une phrase banale de La Peste de Camus. Pourtant, le prix Nobel de littérature commet là une faute de français des plus répandues.
Comme tant d’autres, l’auteur de La Peste emploie le subjonctif à la suite de la formule « après que… ». En réalité, la locution appelle l’indicatif. On devrait donc écrire « même après qu’il a effectué son tournant ». Et, parce que le français n’est pas cohérent, retenez que la formule « avant que » appelle, quant à elle, le subjonctif. Pour résumer : « après que je suis entré » mais « avant que je sois entré ».
Il y a bien une logique derrière cette règle en apparence absurde : le subjonctif est le mode de l’irréalisé et ne peut donc pas servir pour les tournures « après que ». « Après que je suis entré » s’est produit tandis que « avant que sois entré » désigne une action non réalisée au moment de l’action principale.
Le verbe « s’avérer » (littéralement « apparaître vrai ») remplace aujourd’hui « se révéler ». Au départ faute de français, cet usage est devenu la norme. Mais un joli pléonasme persiste chez beaucoup : « s’avérer vrai ». Pire, on trouve encore des « la rumeur s’avère fausse » qui tiennent, quant à eux, du contresens.
Bien sûr, on ne confondra pas le bon vieux palier de notre porte au verbe pallier. Mais le terme cache un autre piège : il s’agit d’un verbe transitif direct. Pour faire simple, cela veut dire que la préposition « à » est interdite après ce verbe, on pallie « quelque chose » et non pas « à quelque chose ». Même règle pour le verbe postuler : « on postule un poste » (et non pas « on postule à un poste »).
C’est le jeu préféré des vils professeurs qui rédigent les sujets du Capes et de l’agrégation : les accords des participes passés des verbes pronominaux représentent un des pires casse-tête de la langue française. Pour simplifier, on essaiera généralement de suivre la règle du passé composé : on accorde avec le complément d’objet direct lorsqu’il est situé avant le verbe. Ainsi « elle s’est lavé les dents » (complément d’objet placé après : les dents) mais « elle s’est lavée » (complément d’objet : se, c’est-à-dire elle-même).
Si l’on fait face à complément d’objet indirect toutefois, on n’accorde jamais : « les étapes de la rédaction se sont succédé » (une étape succède à une autre).
Lorsqu’on peut le remplacer par « environ », le terme « quelque » est un adverbe, donc invariable. On évitera les « s » intempestifs dans l’expression « quelque deux millions d’habitants », par exemple. En revanche, on ne l’oublie pas pour « quelques habitants ». Quand on vous dit que c’est subtil le français !
Un terme, c’est un mot. Conséquence, l’expression « en termes de » désigne le vocabulaire choisi et non le domaine évoqué. On dira donc « en termes de navigation, bâbord désigne la gauche » (on parle du vocabulaire de la navigation) mais on ne peut pas dire « en termes de navigation, notre site corporate n’est pas bien conçu ».
Par imitation de l’anglais, on assiste régulièrement à une déferlante de majuscules sur le web : à tous les mots du titre d’un article, sur les adjectifs de nationalité, etc. La bonne vieille règle du français est claire : on ne met de capitale que sur les noms propres. Donc point de « Directeur » de « Marketing » ou de « secteur Financier ».
Autre piège : les noms de peuples sont gratifiés d’une majuscule (mais pas leur langue ni leur religion) : « les Anglais parlent anglais dans leur costume britannique et sont – majoritairement – anglicans ». De même, on veillera à ne pas confondre l’État central et l’état de santé, l’église du village et l’Église orthodoxe, etc.
La liste est longue de ces petits mots qui se prononcent de la même façon sans posséder le même sens : accro et accroc, volatil et volatile, filtre et philtre, amende et amande… Le chercheur Ludovic Ferrand a listé plus de 640 homophones en français ! Parmi les plus pervers, on retiendra qu’un livre est « empreint » d’une certaine philosophie tout en étant un « emprunt » à la bibliothèque. De même, on ne confondra pas les participes présents des adjectifs de la même famille : « en convainquant son interlocuteur grâce à un article convaincant ».
Il y a l’éternel « monter en haut » et le terrifiant « au jour d’aujourd’hui » mais pas que. D’autres pléonasmes se glissent subrepticement dans notre langage courant : une orthographe correcte, un taux d’alcoolémie, prévoir à l’avance, repousser à une date ultérieure, le tri sélectif, une opportunité à saisir… On ne s’en rend pas compte, mais on adore se répéter.
Le sujet fait débat auprès des grammairiens : certains condamnent purement et simplement l’expression « par contre » – succession de deux prépositions – quand d’autres admettent son usage. Mais attention à ne pas l’employer à tort et à travers ! L’expression marque l’opposition. On peut donc dire « Notre site corporate est bien construit. Par contre, la navigation laisse à désirer » mais on préférera l’expression « en revanche », lorsqu’il n’y a pas d’opposition : « Notre site corporate est bien construit. En revanche, la home page possède un design daté ».
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12 Déc 2024
Digital Marketing
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